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Agorablog

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25 mars 2009

Relancer la consommation - comment agir ?

Beaucoup de spécialistes s'accordent à dire qu'aujourd'hui, un des levier pour lutter contre les effets défavorables de la crise, (voire un élément de relance) est une politique en faveur de la consommation des ménages. Or, nous pouvons le constater le gouvernement actuel a adopté depuis le départ une position fallacieuse dans ce domaine.

consommation_durable_entete1

image : Conférence à Sciences Po Paris sur les enjeux de la consommation durable

Tout d'abord, il est nécessaire de dénoncer la loi TEPA qui hors crise économique s'avère socialement injuste et qui dans le contexte actuel est une aberration économiques et sociales. Ainsi, la principale mesure sur l'allègement des charges sociales pour encourager le recours aux heures supplémentaires (1) (qui ne concernent pas toujours ceux qui en ont le plus besoin) vont déservirent à long terme l'emploi, puisque les entreprises préfèreront utiliser les ressources internes au lieu d'embaucher de la main d'œuvre.
L'impôt coûte cher ! Prélever à la source les impôts sur le revenu permettrait à l'Etat de faire de nombreuses économies mais aussi de donner une perspective budgétaire plus précise pour les ménages qui ne seraient plus frappés par les mauvaises surprises liées aux versements des impôts. Dans cette même logique, toutes les aides de l'Etat (chèque transport.....) devraient être versées directement sur la fiche de salaire.

Par ailleurs, relancer la consommation c'est évidemment s'attaquer à tout ce qui grèvent directement le budget des ménages. Les loyers, les transports, la nourriture sont trois domaines sensibles qui ont enregistrés ces derniers temps des hausses importantes des prix. La carence de logement sociaux est la principale cause de l'augmentation des loyers. Il est clair que le gouvernement ne prendra aucune décision en faveur d'une politique de logement volontariste et même la loi Boutin, récemment adoptée ne fait qu'entériner l'immobilisme des pouvoirs publics dans ce domaine.
Il faut relancer la construction de logement sociaux, dans les zones urbaines à haute valeur, il est inconcevable de continuer à parquer les populations les plus fragiles dans les périphéries (école à faible mixité sociale, médecine de proximité moins présente, service sociaux submergés, faible taux d'emploi, utilisation systématiques des transports...). Les communes doivent avoir la possibilité d'acheter aux centres des villes des habitations pour favoriser la mixité (immeubles à logement mixte avec location, propriété...). Les concessions de distribution de l'eau ne doivent plus être confiées aux entreprises privées qui pratiquent des tarifs prohibitifs et "volent" les communes qui délèguent ce qui rapporte (la distribution) et financent elle-même ce qui coûte le plus cher (le retraitement des eaux usées).
Le transport et l'augmentation des carburant durant l'année 2008 a mis en lumière une fracture sociogéographique. Les frais liés aux déplacements pour se rendre sur son lieu de travail concernent principalement des ménages qui souhaitent bénéficier de logement plus spacieux, meilleur marché et dans un environnement plus sain. Cela implique une obligation de s'éloigner des lieux qui concentrent tous les emplois et engendre à la fois un coût financier pour les familles et la collectivité par le biais de subventions et de baisses d'impôt mais aussi un impact sur l'environnement (extension des réseaux routiers, congestions aux abords des villes, nivèlement des taux de pollutions qui s'étendent sur de nouveaux territoires, extension des constructions immobilières au détriment des campagnes.....).
Ainsi les familles se retrouvent tributaires des coûts liés au transport qui échappent totalement à l'Etat. Les autoroutes auparavant "concédées" et aujourd'hui "données" par le gouvernement aux entreprises privées pratiquent des tarifs scandaleux que les contribuables payent directement (aux péages) et indirectement (dans ses impôts payés à un moment par les régions).

Cette politique conduit inéluctablement à un appauvrissement de l'aménagement du territoire qui a condamné les départements à s'occuper des routes sans avoir les moyens de le faire. Les transports en commun comme les réseaux TER sont subventionnés par les régions mais ne nombreuses gares, faute de rentabilité, ferment et isolent de plus en plus de populations.

(1) Liens vers la pétition contre les heures supplémentaires :bandeau_petition3

Liens vers des articles complémentaires :

Marianne du 6 avril 2009

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7 avril 2008

World’s Appart

J'avais oublié de publier ce petit avis sur un film que j'avais vu au cinéma lors de sa sortie. Il doit exister en DVD et je vous le recommande :

zona

La Zona est un film signé par le réalisateur Rodrigo Pla, témoigne de la bonne santé actuelle des films mexicains. On connaissait le talentueux Alejandro González Inárritu, beaucoup plus international.

Rodrigo Pla réalise un film simple, très bien construit qui permet d’interroger l’essence même d’une société capitaliste à outrance incapable d’offrir les conditions nécessaires pour que tout le monde puisse vivre ensemble.
Les premières images sont celles d’un quartier résidentiel, à la sauce Wisteria Lane, la rue où se passe la fiction desperate housewive.
Le mouvement de camera explore un paysage édulcoré jusqu’au moment où se présente un mûr, puis les quartiers pauvres mexicains qui se trouvent juste derrière. Le décor est planté. On sait qu’il y a désormais deux types d’être humains ceux dans l’enceinte murale et ceux qui n'y sont pas.
Un soir de tempête, un panneau publicitaire, placée au dessus du mur s’écroule et ouvre une brèche dans ce dernier. Trois jeunes hommes décident d’en profiter pour aller voler des objets. On sait déjà que la tournure des choses va être dramatique mais jusqu’à quel point ?

Les jeunes gens se sentent comme happés par la promesse de pouvoir chaparder des objets de valeur. On pourrait appeler ce que nomme G DELEUZE, un flux incontrôlable (vouloir voler) dans un monde où les codes perdent de leur sens au fur et à mesure que celui que l'on donne aux choses dépersonnalise les rapports humains.
Cette incursion va avoir un double sens. Par delà le drame qui va se produire, va se poser toute une série de questionnements sur la séparation de deux mondes. Dans le modèle capitaliste, lorsqu’il est porté jusqu’à son paroxysme, dans une population où le clivage social est manifeste, la création d’une zone de sécurité, où ceux qui possèdent sont protégés de ceux qui voudraient posséder, devient une réalité. Dans cette logique, ce qui prime c’est la sécurité.
Comment dans un monde qui repose sur la création perpétuelle de pulsions consuméristes, peut-on se prémunir de la folie de ceux qui ne possèdent rien ?

4 avril 2008

Un petit fond musical sympathique

free music

9 février 2007

Eviter la crise du logement

marianne

Le logement social en France comme dans le reste de l'Europe s'est toujours structuré au rythme des flux migratoires appelés par la promesse d'un emploi. Durant les 30 glorieuses, alors que l'industrie française enregistrait un développement sans précédent, les problèmes liés au logement ont commencé à devenir de plus en plus criant. S'en est suivi une construction massive d'habitats sociaux. Le parc de logement en France n'a pratiquement pas évolué depuis cette époque alors que le pays lui, a singulièrement continué sa mutation industrielle et sociale marquée dans les années 70 par la crise pétrolière et l'apparition d'un chômage massif. Nous rencontrons aujourd'hui une crise du logement similaire dans la gravité à celle qui a précédé la construction massive de logement évoquée un peu plus haut.. A cette époque on mettait en avant l'insalubrité. Le décès de l'Abbé Pierre nous a cruellement montré que depuis le début de son combat, les conditions des mal-logés n'ont toujours pas changé en plus de 50 ans. Le combat, puisque l'état d'urgence dans ce domaine doit être décrété, doit se faire immédiatement. Le droit opposable est une pierre à l'édifice mais il restera un principe si l'on ne fait rien pour poser les conditions de l'application de cette loi.

Le parc de logements sociaux ne peut rester le même qu'il y a 60 ans. La répartition des populations dans ces cités a abouti à une ghettoïsation sociale. Les familles les plus pauvres sont concentrées dans ces habitations qui se délabrent de jours en jours, où les conditions sociales repoussent les personnes les plus téméraires en demande d’un logement social. Aujourd'hui les habitants des appartements insalubres et sous dimensionnés des centres villes sont ceux à qui on propose d'habiter dans des quartiers où le chômage atteint des sommets, où l'urgence sociale devient une réelle stigmatisation en raison des files d'attentes devant les organismes d'aide, où les écoles ont des réputations qui défrayent la chronique. Comment convaincre les populations d'aller dans des cités où la citoyenneté est une lutte là où elle devrait être un principe ? Comment les convaincre d'habiter à un endroit où les enfants ont encore moins d'avenir qu'ailleurs ?

Le démantèlement de ces cités est plus que jamais la mesure la plus citoyenne. Il ne peut plus y avoir en France, à l'aube de 2010, de fracture géographique où le citoyen qui habite dans un quartier défavorisé agit avec rancoeur et désenchantement alors que le citoyen des beaux quartiers agit pour protéger ses privilèges. Il est temps d'inventer un nouveau modèle de logement social qui allie à la fois l'accession à la propriété et la possibilité d'habiter les beaux quartiers. Un modèle dans lequel, les cités dévalorisées d'hier seront les cités rayonnantes de demain, où les barres seront remplacées par des petites unités de lotissements, de résidences, structurées autours d'une offre de commerces, d'administrations, de culture, de loisirs et d'éducation de qualité.

6 février 2007

méritocratie et égalité des chances

Notre système éducatif repose sur le principe de méritocratie. Cette structure engendre plusieurs effets pervers à la fois institutionnels et enfin cruels pour les élèves et qui aboutissent à une décrédibilisation du système en ce sens que l’égalité des chances et le mérite établissent une règle de justice. Si l’un et l’autre sont remis en question, où se trouve la règle de justice ? Notre système éducatif est basé sur un système élitiste datant de Napoléon. L'élitisme républicain de l'époque consistait à permettre aux enfants méritants issus des classes populaires d'aller dans un collège et par la suite dans un lycée pour faire ses études. Pour démocratiser ce système, on ouvrira massivement le secondaire aux enfants des milieux modestes. La sélection va donc rester comme l’unique critère récompensant le mérite de ceux qui travaillent bien à l’école. Cette sélection ouverte à tous les élèves est donc un système méritocratique qui suppose qu’il y ait des vaincus. Dans une compétition juste, il faudrait que l’on se préoccupe de leur sort (dans une compétition sportive il existe un cérémonial pour les vaincus et/ou la possibilité de rejouer). Comme le remarque F. DUBET, lorsqu’un élève échoue alors qu’il travaille comme les autres et qu’il a toujours été traité comme tout le monde, son seul sentiment est de penser qu’il est moins doué, moins courageux, moins efficace. « menacés dans l’estime qu’ils ont d’eux même, ils oscillent alors entre le découragement et la dépression….. parfois rejetant l’intériorisation culpabilisante de leurs difficultés, ils la retournent en ressentiment et en agression contre l’école et les maîtres, contre les bons élèves qui sont la preuve que « si on veut, on peut » » Ensuite, le mérite peut être remis en question par les critères qui le définissent. En effet, nous savons pertinemment que l’école qui arbore le rôle d’arbitre dans cette méritocratie n’est pas complément impartial. Les notations varient d’un établissement à l’autre et la notion d’élève moyen est tout autant variable selon qu’on est dans un bon ou mauvais établissement.
S'agissant de l’égalité des chances, l’accès aux études s’est à la fois démocratisé et massifié. Pourtant, ce progrès démocratique n’a pas eu les effets escomptés puisqu’il n’a pas permis l’égalité des chances annoncée et a même engendré une amertume et un désenchantement. L’inégalité des chances est nourrit par une inégalité de l’offre. Tant qu’il y aura des différences importantes entre les établissements, il y aura une fracture irréversible dans le système scolaire. Donner plus de moyens aux établissements qui rencontrent le plus de difficultés est certes une solution pertinente mais l’aide financière reste appropriée uniquement lorsque les problèmes ne se multiplient dans un contexte marquée par une paupérisation des populations dans un environnement stigmatisé. Le problème avec la discrimination positive c’est qu’elle risque d’engendrer une injustice de plus en créant de nouveaux laissés pour compte.

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5 février 2007

d'une école des territoires à une école dans le territoire

Le constat est grave, il existe comme le disait Marie DURU-BELLAT une école de la périphérie dans laquelle, les élèves vivent plus difficilement leur parcours scolaire, dans laquelle les enseignants vivent moins bien leur métier, dans laquelle les avenirs sont moins glorieux que dans les écoles des centres villes.
J. CHIRAC a caché la vérité en parlant de fracture sociale puisqu'au quotidien nous sommes touchés par la fracture scolaire et la fracture citoyenne.
Une république fractionnée ne peut que produire massivement de l'exclusion.

Casser la sectorisation

Non pas en assouplissant le système de dérogation mais en cassant la notion de secteur ghettos. Il faut favoriser une politique de construction de logements mais aussi d'appartements sociaux. Donner de l'égalité des chances à une famille défavorisée ce n'est pas seulement lui offrir une école ZEP dans laquelle il y a des moyens supplémentaires, ce n'est pas lui donner la possibilité d'avoir la chance d'avoir le lycée choisit pour avoir des élèves qui iront vers des écoles prestigieuse, ce n'est pas non plus uniquement de donner plus de moyens au missions locales de quartier, au MJC, ou de financer des extras scolaire qui s'occupent des jeunes pendant les vacances - si donner une chance de réussir était de donner à cette famille la possibilité d'habiter un quartier dans lequel il y a un véritable brassage social, dans lequel l'école de quartier est de qualité car il y a les professeurs les plus aguerris. Pourquoi ne pas acheter des appartements, dans des quartiers favorisés dans lequel on donnerait la possibilité à des familles de commencer leur vie dans des conditions non dégradés, dans lequel les enfants partent dans les mêmes conditions géographiques que les autres ???

Rendre la périphérie attractive

Il faut continuer le démantèlement des grandes barres inhumaines et de tout ce qui dégrade le paysage de ces quartiers. Il faut déstructurer ces zones urbaines en créant des minis zones pavillonnaires, de petits bâtiments, de petites résidences.
Il faut déghettoiser ces quartiers pour ne plus rassembler les populations pauvres ensembles. L'intervention sociale des acteurs sociaux de terrains ne peut être qu'individuelle, elle n'est pas faite pour traiter massivement les problèmes car cela engendre un sentiment de traiter les problèmes, d'un quartier, d'une ville d'une société qui les rejette.
Il faut créer des activités dans ces quartiers. Y implanter des instituions, des entreprises, des parcs, des lieux dans lesquels on y trouve de la culture, des loisirs mais aussi des lieux de cultes, de tous les cultes. Les cités violentes d'aujourd'hui sont les cités dortoirs d'hier. Elle répondait à un besoin de loger les populations de travailleurs. Comment imaginer que des populations touchées massivement par le chômage puissent y vivre sans problème ??

Texte publié dans le cadre des débats participatifs en 2007.

4 février 2007

Nicolas SARKOSY ou la réthorique sournoise de la valeur du travail

La campagne présidentielle est marquée par plusieurs discours, et celui de la valeur du travail est  particulièrement récurrent chez le candidat SARKOSY. Il l'est à tel point que l'on a une impression que le slogan UMP lié au travail répond à une logique que l'on peut qualifier de populiste mais surtout conservatrice. La valeur accordée au travail est-elle liée à la dévalorisation que l'on en fait ?

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Tout d'abord, il existe pour lui, un point sur lequel il faut agir = la dévalorisation.
Trois idées pour tenter de l’expliquer  :
Certainement du fait que les conditions de travail se sont dégradées dans le sens où elles ont de plus en plus d'impact sur la vie privée des gens. Que l'on demande de plus en plus d'implication du travailleur, comme s'il devait s'aliéner au prix de son salaire. Marx le disait mais jusqu'ici, l'idéologie capitaliste nous faisait croire que le travail associé au progrès était émancipateur.
L'exemple du Trouble Squelleto Musculaire (TSM) est une illustration symptomatique de cette tendance qui démontre que même si les conditions du travail à la chaîne classique se sont améliorées, elles conduisent paradoxalement à de nouvelles maladies et à de nouveaux drames familiaux. En effet, la rationalisation des tâches a amené les travailleurs à s'investir plus que mesure dans les actes répétitifs demandés. Ce qui change c'est qu'auparavant, avant cette rationalisation, les travailleurs pouvaient s'évader plus facilement de leur activité en raison de tâches demandées certes éprouvantes, mais qui ne demandaient pas une importante concentration. Aujourd'hui, la complexité de celle-ci (augmentation du nombre d'opérations manuelles à grande technicité) interdisent toute évasion de l'esprit ce qui implique un impact psychologique sur la santé des travailleurs. Les arrêts de travail, les carrières brisées, les problèmes liés à la consommation de produits pour oublier la douleur ont augmenté significativement.
S'agisssant de la dévalorisation du travail, il faut noter l'idée qu'aujourd'hui ce n'est plus vraiment lui qui rapporte le plus, puisqu'en fait la spéculation sur les marchés boursiers est d’une part plus rémunérateur et d’autre part survalorisé. Elle rapporte plus d'argent que l'acte salarial et elle conduit dans cette logique à vouloir gagner toujours plus, à pousser au démantèlement d’entreprises, à imposer des plans de licenciement voire à prescrire des délocalisations.Chaque plan de délocalisation est accompagné d'un discours patronal, dévalorisant le travail dans les pays occidentaux (trop cher) tout en valorisant celui des pays émergent (plus flexible). La réalité c'est que le travail dans ces pays sont financièrement et socialement dévalorisés. Il ne tient pas compte du dérèglement social engendrés par ces types d'emploi et des impacts environnementaux directement liés aux non respect des normes écologiques dans ces pays. Les cours d'eau chinois sont tellement pollués que les autorités du pays commencent à admettre l'état d'urgence sanitaire à certains abords.

Le constat est logique mais l'impact sur la population et surtout la jeunesse par exemple est plutôt néfaste.
La jeunesse pour qui l’emploi apparaît de plus en plus difficile d’accès, tant les statistiques sur le chômage des jeunes leur montrent que leur avenir est de plus en plus fermé. Si le diplôme était hier à la fois le gage d'obtenir un travail à la sortie de l'école et le symbole républicain de l'ascenseur social, aujourd'hui il ne représente qu'un leurre pour cacher le système des héritiers dénoncé il y a plus de 50 ans par Bourdieu. Les réussites scolaires des enfants issus de familles défavorisées, si elles ne sont pas couronnées par la possibilité d'obtenir des diplômes de grandes écoles, ne permettent plus de trouver une bonne place sur le marché du travail. Les diplômes des universités classiques, qui ont enregistrées une énorme augmentation de ses effectifs, conduisent aujourd’hui à des carrières sans avenir en raison d'un nombre largement suffisant de diplômés par rapport aux postes offerts. D'où une démobilisation certaine de la jeunesse qui élevée au côté d’idéologies liées au culte de l'argent, de l'individualisme exacerbé, considèrent l'échec comme une disqualification sociale.
Les gens ont-ils une représentation dévalorisée du travail ?
D’après mon observation, les jeunes les plus désaffiliés socialement, ont une représentation positive du travail. Ils reconnaissent l’emploi comme l’unique élément intégrateur. Ils pensent, pour la quasi-totalité, que le travail est la solution pour leur situation. Réussir à l’école est perçu comme un facteur primordial d’insertion, même si personnellement ils ont rencontré beaucoup de difficulté lors de leur scolarité. Par contre, ils mettent en avant la difficulté pour accéder à un emploi. Il s’agit du facteur qui les démobilise le plus. 
Après, Monsieur Sarkosy nous dit que la dévalorisation est directement liée aux 35 heures. Il est bien difficile de définir ce qu'entend Sarkosy par la "valorisation du travail" qu’il souhaite, tant cette formule est mise en contradiction par les principes même de sa politique économique.
D'une part Sarkosy propose pour revaloriser le travail, de casser le système des 35 heures, en permettant aux salariés de travailler plus. Est-ce vraiment le bon terme ? Cette mesure conduit logiquement à un allongement du temps de travail c'est certain, mais permet-elle vraiment de le valoriser l'acte même de travailler ? Les heures supplémentaires donnent une possibilitéaux individus de jouir d'une liberté offerte aux salariés. De là à considérer cela comme une valorisation du travail, c'est démagogique puisqu'au motif de promouvoir les heures supplémentaires, on essaye de nous faire croire qu'hier, elles étaient impossibles parce que surtaxées et qu'en déréglementant le dispositif on allait valoriser le travail.
D'autre part, il compte valoriser le travail sans apporter de solution pour défaire les actes qui dévalorisent réellement le travail. Comment valoriser le travail quand on compte dévaloriser son fondement qu’est le contrat ? Peut-on valoriser le travail en le précarisant et en l'affaiblissant ?
Voilà une aporie intéressante puisqu’elle implique une vision uniquement économique du travail basée sur le regard qu’en a le patronat, il faut bien le reconnaître.
Sarkosy souhaite pour valoriser le travail des fonctionnaires, instituer des primes aux mérites pour les bons agents (principe qu’il veut généraliser à tous les secteurs). Ce qui est possible à mettre en place pour une partie des fonctionnaires (postes administratifs, de missions bien précises de service public…) ne l’est pas pour l’autre partie des agents, qui travaillent dans le social, dans l’éducation, dans le domaine de la justice… Pour ma part, si je devais travailler dans une optique de mérite, je devrais faire des choix qui conduiraient à ne plus prendre de risque c'est-à-dire perdre l’essence même de l’intérêt même de mon métier. Du coup, ce que l’on reproche au secteur public, d’être constamment à l’abri du risque, va paradoxalement pousser une partie des fonctionnaires à ne plus en prendre.
Comme le disait François de la Rochefoucauld « Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même »….. à méditer.
En d’autres termes, valoriser le travail pour Sarkosy consiste uniquement à permettre plus de liberté dans ce dernier. Cette vision est réductrice. Valoriser le travail c’est aussi se battre contre l’idéologie actuelle qui, au-delà d’encourager la liberté de travailler, d’encourager la compétitivité, créer d’un côté des emplois et de l’autre du chômage. Sauf que les emplois créés qui peuvent arithmétiquement remplacer ceux qui disparaissent ne s’adressent pas vraiment à la même population et que les solutions pour reclasser les chômeurs ne sont jamais assez efficace pour alléger la note.

7 juin 2006

Mondialisation, une chance où un déclin programmé ?

Mercredi 7 juin 2006, il y avait un débat à la faculté de droit de Nancy organisé par un député umpiste sur le thème de la mondialisation avec messieurs Luc FERRY (philosophe et ancien Ministre de l’Education) et Jean-Claude MAILLY (Secrétaire Général de FO). Chacun a introduit le débat en se positionnant sur le thème de la mondialisation.


map

Pour Jean-Claude MAILLY, la mondialisation est repérable par le glissement sémantique qui s’est opéré entre l’internationalisation, la mondialisation (des économies) et la globalisation (des échanges). Selon lui, pour résoudre les effets pervers amenés par la mondialisation il a y une position normative que les pays puissants doivent adopter en réclamant le respect des droits fondamentaux du travail (liberté d’association, liberté de négociation, pas de discrimination, pas de travail des enfants….). Sa seconde idée est que la mondialisation apparaît comme un mécanisme dans lequel l’homme n’a plus vraiment de choix. Il n’existe plus de débat économique ou de questionnement sur l’économie qui font que l’on a l’impression de subir un capitalisme libéral sans avoir d’échappatoire. Ce manque de débat résulte pour lui de la chute du bloc soviétique qui lorsqu’il existait, représentait un modèle économique qui en dépit de son caractère liberticide, appelait les êtres humains à débattre sur le sujet économique : doit on accepter le modèle capitaliste ? Si l’on n’accepte pas le capitalisme peut on échapper au communisme ? Y a-t-il une alternative à ces deux modèles économiques ? La chute de l’URSS s’est à la fois soldée par une défaite du modèle communiste et à la fois d’une victoire du capitalisme qui, sans alternative allait devenir la norme économique planétaire. Du coup le citoyen se sent comme happé par un modèle économique de plus en plus féroce.

Pour Luc Ferry, la mondialisation pose d’abord un problème politique crucial. La mondialisation est la marque de la dépossession de pouvoir que subit au quotidien le politique. La mondialisation est aussi le résultat d’un désenchantement qui s’est opéré depuis plusieurs dizaines d’années. Il apparaît d’abord dans le discours scientifique qui était pendant longtemps dominé par la croyance que le monde allait devenir intellectuellement explicable. Or depuis plusieurs dizaines d’années cette croyance s’est avérée de moins en moins juste. Les catastrophes naturelles ne sont pas plus prévisibles aujourd’hui qu’hier et la nature se révèle fragile, fragilité qui n’est pas non plus maîtrisable et qui est le fruit de l’activité humaine.

Le désenchantement apparaît aussi dans la vision qu’a l’homme de l’humanité. Depuis les premières révolutions industrielles, une croyance sur le progrès s’est peu à peu établie. Le progrès scientifique allait aider l’être humain à obtenir de plus en plus de liberté et à atteindre le bonheur. Ce sont les vertus que l’on a associées pendant longtemps au progrès. Elles furent incarnées pendant le 19ème siècle dans les lois votées, l’industrialisation, mais aussi par les entrepreneurs dans le courant des patrons paternalistes. La mondialisation a apporté un revirement dans cette croyance. Les entrepreneurs se sont peu à peu détournés de ces objectifs pour se consacrer uniquement à la recherche de la compétition. L’objectif n’est plus seulement de produire des objets concourants à libérer l’être humain de sa condition ou de lui apporter du bonheur mais il est surtout de produire plus, plus vite pour répondre à des besoins que l’on créer sans cesse artificiellement. On progresse, on évolue sans comprendre où l’on va. A ce moment là, Luc FERRY se demande comment et à quel niveau le politique peut reprendre la main ?

A cette question, j’ai tenté d’amener une réflexion sur le rôle du politique. L’actualité, les dernières réformes, les dernières déclarations nous montrent que l’homme politique d’aujourd’hui ne sait plus faire de propositions ou de reformes qui aillent au delà de la prochaine échéance électorale. J’ai aussi tenté de montrer qu’aujourd’hui, que l’on ne pense pas assez les lois et que celles qui sont votées sont trop souvent caduques ou mal ficelées. Cela montre que le politique, qui ne sait plus planifier, se hâte à voter des lois (toujours plus nombreuses) qui sont des effets d’annonce portés par des textes législatifs imparfaits et perfectibles. La complexité de faire une loi vient, semble t'il, du fait qu’elle doit d’une part affaiblir la tension qu’il existe entre les intérêts des individus et l’intérêt général et elle doit d’autre part, être pensée d’une façon à ne pas provoquer des effets pervers pour l’un ou pour l’autre.

Dans quelles mesures la politique peut-elle encore attirer ou (re)donner confiance en elle? Pourquoi les gens ont-ils de moins en moins confiance en l’avenir et pourquoi la mondialisation leur fait elle peur ?

Pour poursuivre le débat, je vais évoquer le positionnement de Pascal LAMY, directeur de l’OMC pour agrémenter et poursuivre cette réflexion sur la mondialisation.

Les mondialistes incarnés par l’OMC pensent le marché capitaliste comme quelque chose de vertueux. En comparant les chiffres d’il y a dix ans on peut constater que le nombre d’habitants qui font des échanges dans le cadre de l’OMC a été multiplié par 5, passant d’1 milliard à plus de 5 milliards. Autrement dit, de moins en moins de pauvres sont exclus du système d’échange viabilisé par l’institution occidentale qui régie tous les échanges commerciaux mondiaux. Les échanges sont donc multipliés et pour ces technocrates nous devons nous habitués à l’accélération des mouvements, qu’ils soient économiques, sociaux ou humains. Les pays riches seront de moins en moins riches alors qu’en même temps, les pays pauvres le seront de moins en moins. Ce qui explique le fait que les pauvres des pays riches voient leur pays qu’ils pensaient puissant en plein déclin tout en voyant les gens qui hier étaient plus pauvres qu’eux, s’enrichir. Il est donc normal de voir poindre chez nous de plus en plus de gens qui sont méfiants vis-à-vis de la mondialisation.

La société d’après guerre s’est construite autours des promesses faites par un état providence qui était en train de se dessiner. Or, les promesses faites n’ont pas vraiment été respectées et lorsqu’elles ont pu l’être, on s’est aperçu que de nombreux effets pervers allaient corrompre le système. C’est le cas de la massification du système éducatif ou encore de la construction des logements sociaux. De plus, comme le dit Dominique SCHNAPPER, « L’Etat providence a nourrit l’insatisfaction parce que la réponse tarde toujours par rapport aux demandes et que les ressources sont par définition limitées quand les besoins sont illimités ».

Les réponses lors du débat du 7 juin de la part des protagonistes n’étaient pas nombreuses. Il est à croire que quand on est philosophe ou syndicaliste, il soit plus facile de dresser un diagnostic que d’apporter des éléments de réponse. Pourtant, des pistes sont à explorer et à exploiter.

Utiliser les organismes internationaux pour faire appliquer un droit du travail qui soit universel. Cela ne réglera pas le problème des délocalisations mais ça en altérera les effets, du moins dans le « pays d’accueil ».

Penser la politique autrement en évitant de succomber au populisme et au clientélisme au profit de définir de nouveau un dessein commun qui fixe des projets à long terme pour l’avenir de notre société.

27 mai 2006

Perdue dans Versailles……

Que dire sur le dernier film de Sofia Coppola si ce n’est qu’il s’agit d’une suite logique de ce qu’elle avait fait dans « Lost in translation » et « Virgin suicide ». La polémique sur ce film vient de ses imprécisions (volontaires) historiques. Mais que dire là-dessus si ce n’est que l’on ne devait pas s'attendre un portrait fidèle de Marie Antoinette, mais au portrait d'une femme du 18ème qui, perdue dans les affres de la cour de Versailles, tente de trouver de nouveaux repères malgré le poids incroyable du protocole, des codes, des rites et de la pression exercée par la cour.

marie_antoinette

A la sortie de la salle, les gens étaient très partagés. Ce n’est pas une surprise, car le film était précédé d’une campagne de presse assez soutenue sur le tournage où l’on pouvait noter une certaine fierté de voir la fille d’un grand cinéaste venir faire son nouveau long métrage dans un des joyaux de notre beau pays. Alors de nombreuses personnes qui ne connaissaient pas la filmographie de Sofia Coppola sont venues voir le film pensant y trouver une superbe fresque historique sur la vie de Marie Antoinette. Sauf que de voir de sublimes images de Versailles avec les Strokes, ou The Cures derrière ça ne ressemble pas beaucoup à un document « des racines et des ailes » ! J’ai eu le droit aux sarcasmes des fans de Julien Lepers tout le long du film.

Marie Antoinette, est donc une suite à "Lost In Translation" ou "Virgin Suicide", où Sofia Coppola continue à explorer l’ennui à travers la destinée d’une petite fille appelée à devenir la dernière Reine de France. Ce que Sofia montre le mieux c’est l’ennui, qui conduit dans son premier film, des adolescentes prisonnières de leur famille ultra puritaine à se suicider, qui conduit dans son second deux être perdus dans une culture différente, dans un monde qu’ils n’arrivent pas saisir à vivre des émotions qui sont universelles. La réalisatrice utilise le même procédé que dans ses précédents films c'est-à-dire des successions de plans artistiquement très travaillés et qui supplantent les scènes avec dialogues pour mieux comprendre le personnage de Marie Antoinette. On vit en même temps qu’elle ses angoisses, ses doutes, ses émerveillements, sa douleur, son envie de s’amuser pour oublier le poids de son statut. Sofia Coppola retranscrit très bien les années fastes d’une cour qui sombre dans l’amusement pour mieux oublier ce qu’il se passe autours. Les décors, les costumes sont somptueux. L’ambiance du film est très particulière comme devait être cette époque prérévolutionnaire, de plus en plus en proie aux idées des Lumières, avec des rites de plus en plus décalés de la réalité. Le propre du film est de nous faire ressentir les émotions par l’ambiance et pas seulement par les faits. Ce qui est, je trouve, la marque d’un grand film capable de nous atteindre et de nous questionner à chaque plan.


21 mai 2006

Volver

Il y a des films qui ne laissent pas indifférent. Volver est un de ces films qui, lorsque l'on sort de la projection, nous pousse à réfléchir sur ce que l'on vient de voir.

vovler

Au delà de la qualité technique indéniable du film, du jeu de lumière incroyable qui se remarque par exemple sur penelope cruz, resplendissante à chaque image, il faut reconnaître qu'Almodovar a réussi à émouvoir, à créer une ambiance très particulière à ce long métrage qui danse très aisément entre le fantastique et la réalité.

Ce qu'il y a de fantastique, c'est avant tout les lieux, comme celui de la maison de la tante paula situé dans un village mystérieux, éloigné de tout où les légendes se suivent et poursuivent les gens qui y habitent. On trouve aussi une part de mystère dans les personnages qui sont tous complexes et qui cachent tous quelque chose d'enfuie au plus profond de leur âme. Là encore, ce qui est marquant c'est la beauté de penelope cruz au milieu de personnages au physique plus commun. Très vite on s'aperçoit que ce contraste rajoute à l'effet mystère du personnage et de l'histoire. On perçoit cette beauté comme quelque chose à la fois d'insaisissable, de mystérieux mais aussi de rassurant et d'angélique. C’est la force de ce film qui nous transpose d’une scène à l’autre d'une situation drôle à une plus tragique puis fantastique et parfois dramatique.

Dans le registre du réalisme, Almodovar a choisi notamment d’accompagner le film d’une critique acerbe de la TV réalité. Il nous démontre que de raconter une histoire à travers la magie d’un film de cinéma est mille fois plus réaliste et beau que de le faire à la TV, car la magie c’est d’y ajouter de l’imaginaire, d’y appliquer tout le panel d’émotions qu’il peut y avoir et pas seulement comme le fait la TV qui ne fait que de réduire les émotions à la pitié, aux pleurs et à la moquerie. C’est paradoxal de dire que la réalité a plus sa place dans l'imaginaire qu'à la TV, mais la vie n’est elle pas une vaste succession de paradoxes dans lesquels on tente tant bien que mal de se situer sans se perdre ?

Ensuite Almodovar nous met directement devant nos propres contradictions, nous simples mortels, qui à la fois fuyons devant nos secrets tout en ayant les plus grandes difficultés à ne pas être intéressés par ceux des autres comme si découvrir les confidences des autres nous permettait de mieux cacher les nôtres.

J'espère vous avoir donné l'envie d'aller voir ce nouveau chef d'oeuvre signé encore une fois Almodovar


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