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7 juin 2006

Mondialisation, une chance où un déclin programmé ?

Mercredi 7 juin 2006, il y avait un débat à la faculté de droit de Nancy organisé par un député umpiste sur le thème de la mondialisation avec messieurs Luc FERRY (philosophe et ancien Ministre de l’Education) et Jean-Claude MAILLY (Secrétaire Général de FO). Chacun a introduit le débat en se positionnant sur le thème de la mondialisation.

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Pour Jean-Claude MAILLY, la mondialisation est repérable par le glissement sémantique qui s’est opéré entre l’internationalisation, la mondialisation (des économies) et la globalisation (des échanges). Selon lui, pour résoudre les effets pervers amenés par la mondialisation il a y une position normative que les pays puissants doivent adopter en réclamant le respect des droits fondamentaux du travail (liberté d’association, liberté de négociation, pas de discrimination, pas de travail des enfants….). Sa seconde idée est que la mondialisation apparaît comme un mécanisme dans lequel l’homme n’a plus vraiment de choix. Il n’existe plus de débat économique ou de questionnement sur l’économie qui font que l’on a l’impression de subir un capitalisme libéral sans avoir d’échappatoire. Ce manque de débat résulte pour lui de la chute du bloc soviétique qui lorsqu’il existait, représentait un modèle économique qui en dépit de son caractère liberticide, appelait les êtres humains à débattre sur le sujet économique : doit on accepter le modèle capitaliste ? Si l’on n’accepte pas le capitalisme peut on échapper au communisme ? Y a-t-il une alternative à ces deux modèles économiques ? La chute de l’URSS s’est à la fois soldée par une défaite du modèle communiste et à la fois d’une victoire du capitalisme qui, sans alternative allait devenir la norme économique planétaire. Du coup le citoyen se sent comme happé par un modèle économique de plus en plus féroce.

Pour Luc Ferry, la mondialisation pose d’abord un problème politique crucial. La mondialisation est la marque de la dépossession de pouvoir que subit au quotidien le politique. La mondialisation est aussi le résultat d’un désenchantement qui s’est opéré depuis plusieurs dizaines d’années. Il apparaît d’abord dans le discours scientifique qui était pendant longtemps dominé par la croyance que le monde allait devenir intellectuellement explicable. Or depuis plusieurs dizaines d’années cette croyance s’est avérée de moins en moins juste. Les catastrophes naturelles ne sont pas plus prévisibles aujourd’hui qu’hier et la nature se révèle fragile, fragilité qui n’est pas non plus maîtrisable et qui est le fruit de l’activité humaine.

Le désenchantement apparaît aussi dans la vision qu’a l’homme de l’humanité. Depuis les premières révolutions industrielles, une croyance sur le progrès s’est peu à peu établie. Le progrès scientifique allait aider l’être humain à obtenir de plus en plus de liberté et à atteindre le bonheur. Ce sont les vertus que l’on a associées pendant longtemps au progrès. Elles furent incarnées pendant le 19ème siècle dans les lois votées, l’industrialisation, mais aussi par les entrepreneurs dans le courant des patrons paternalistes. La mondialisation a apporté un revirement dans cette croyance. Les entrepreneurs se sont peu à peu détournés de ces objectifs pour se consacrer uniquement à la recherche de la compétition. L’objectif n’est plus seulement de produire des objets concourants à libérer l’être humain de sa condition ou de lui apporter du bonheur mais il est surtout de produire plus, plus vite pour répondre à des besoins que l’on créer sans cesse artificiellement. On progresse, on évolue sans comprendre où l’on va. A ce moment là, Luc FERRY se demande comment et à quel niveau le politique peut reprendre la main ?

A cette question, j’ai tenté d’amener une réflexion sur le rôle du politique. L’actualité, les dernières réformes, les dernières déclarations nous montrent que l’homme politique d’aujourd’hui ne sait plus faire de propositions ou de reformes qui aillent au delà de la prochaine échéance électorale. J’ai aussi tenté de montrer qu’aujourd’hui, que l’on ne pense pas assez les lois et que celles qui sont votées sont trop souvent caduques ou mal ficelées. Cela montre que le politique, qui ne sait plus planifier, se hâte à voter des lois (toujours plus nombreuses) qui sont des effets d’annonce portés par des textes législatifs imparfaits et perfectibles. La complexité de faire une loi vient, semble t'il, du fait qu’elle doit d’une part affaiblir la tension qu’il existe entre les intérêts des individus et l’intérêt général et elle doit d’autre part, être pensée d’une façon à ne pas provoquer des effets pervers pour l’un ou pour l’autre.

Dans quelles mesures la politique peut-elle encore attirer ou (re)donner confiance en elle? Pourquoi les gens ont-ils de moins en moins confiance en l’avenir et pourquoi la mondialisation leur fait elle peur ?

Pour poursuivre le débat, je vais évoquer le positionnement de Pascal LAMY, directeur de l’OMC pour agrémenter et poursuivre cette réflexion sur la mondialisation.

Les mondialistes incarnés par l’OMC pensent le marché capitaliste comme quelque chose de vertueux. En comparant les chiffres d’il y a dix ans on peut constater que le nombre d’habitants qui font des échanges dans le cadre de l’OMC a été multiplié par 5, passant d’1 milliard à plus de 5 milliards. Autrement dit, de moins en moins de pauvres sont exclus du système d’échange viabilisé par l’institution occidentale qui régie tous les échanges commerciaux mondiaux. Les échanges sont donc multipliés et pour ces technocrates nous devons nous habitués à l’accélération des mouvements, qu’ils soient économiques, sociaux ou humains. Les pays riches seront de moins en moins riches alors qu’en même temps, les pays pauvres le seront de moins en moins. Ce qui explique le fait que les pauvres des pays riches voient leur pays qu’ils pensaient puissant en plein déclin tout en voyant les gens qui hier étaient plus pauvres qu’eux, s’enrichir. Il est donc normal de voir poindre chez nous de plus en plus de gens qui sont méfiants vis-à-vis de la mondialisation.

La société d’après guerre s’est construite autours des promesses faites par un état providence qui était en train de se dessiner. Or, les promesses faites n’ont pas vraiment été respectées et lorsqu’elles ont pu l’être, on s’est aperçu que de nombreux effets pervers allaient corrompre le système. C’est le cas de la massification du système éducatif ou encore de la construction des logements sociaux. De plus, comme le dit Dominique SCHNAPPER, « L’Etat providence a nourrit l’insatisfaction parce que la réponse tarde toujours par rapport aux demandes et que les ressources sont par définition limitées quand les besoins sont illimités ».

Les réponses lors du débat du 7 juin de la part des protagonistes n’étaient pas nombreuses. Il est à croire que quand on est philosophe ou syndicaliste, il soit plus facile de dresser un diagnostic que d’apporter des éléments de réponse. Pourtant, des pistes sont à explorer et à exploiter.

Utiliser les organismes internationaux pour faire appliquer un droit du travail qui soit universel. Cela ne réglera pas le problème des délocalisations mais ça en altérera les effets, du moins dans le « pays d’accueil ».

Penser la politique autrement en évitant de succomber au populisme et au clientélisme au profit de définir de nouveau un dessein commun qui fixe des projets à long terme pour l’avenir de notre société.

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